Sous les décombres des villes syriennes bombardées - autant par l'armée de Bachar Al Assad appuyée par les Russes, le Hezbollah et les Iraniens que par les opposants au pouvoir - se profile probablement une solution diplomatique.
Elle proviendrait d'une médiation algérienne qui tente, depuis plusieurs mois, de recoller les morceaux d'un pays complètement disloqué par plus de cinq ans de guerre civile.
L'idée d'une médiation algérienne pour la résolution de la crise syrienne n'est pas reconnue publiquement. Mais comme toutes les missions secrètes, cette initiative, que mèneraient des diplomates algériens auprès de toutes les parties en conflit en Syrie, est donc laissée dans le secret le plus total. Ce qui n'empêche pas des milieux médiatiques, notamment russes, d'évoquer une lueur d'espoir dans un pays en proie à une violence qui a fait plus de 250 000 morts en cinq ans.
Ainsi, le site de la télévision russe Russia Tuday a publié une longue contribution de la journaliste et analyste Hafsa Kara-Mustapha qui révèle que des diplomates algériens travaillent dans le sens de rapprocher les parties en conflit en Syrie. L'analyse s'appuie notamment sur des informations données en avril dernier par El Watan. Mais pas seulement.
«Depuis le début de la crise syrienne en 2011, l'Algérie reste sur une position cohérente, insistant sur le fait que la souveraineté de la Syrie doit être respectée. Par exemple, elle s'est farouchement opposée à l'initiative de la Ligue arabe d'exclure la Syrie, l'un de ses membres fondateurs, de l'organisation panarabe», écrit-elle. Pour elle, l'Algérie peut être proche autant des autorités officielles que de certains groupes qui s'opposent à Al Assad. «Alger a déclaré que toute ingérence étrangère en Syrie ne pourrait qu'exacerber les tensions et risquerait d'entraîner une grande partie de la région dans une série de conflits sectaires s'étalant sur des décennies. Alger a pris le parti de Damas, tout comme il avait pris le parti de la Libye au début du ''printemps arabe''», ajoute l'analyste.
Le document rappelle également que la situation que vit aujourd'hui le pays d'Al Assad fait écho à ce qu'avait vécu l'Algérie durant les années 1990. Une expérience que la diplomatie algérienne veut mettre à profit pour aider les Syriens à régler leurs différends. Sauf que la comparaison entre les deux «guerres» est difficile à faire. Car en Algérie, le problème était beaucoup plus algéro-algérien, contrairement à la Syrie qui est devenue un terrain où s'affrontent, par procuration, plusieurs puissances étrangères.
L'information a été révélée, dans un premier temps, par El Watan. Le journal avait écrit, dans son édition du 18 avril dernier, que la médiation ne se fait pas directement. Les contacts sont plutôt établis entre la Turquie et la Syrie, dont les gouvernements ne s'entendent pas. «A la demande d'Ankara, l'Algérie a d'abord été sollicitée pour ouvrir un canal avec la Russie après que l'armée turque ait abattu un avion russe le 24 novembre 2015», indique l'article qui cite des sources diplomatiques.
En mars, le ministre syrien des Affaires étrangères, Fouad Al Mouallem, était venu en Algérie. Une visite suivie par celle de Abdelkader Messahel qui s'était rendu à Damas en mai. Une visite qualifiée d'historique. Le ministre des Affaires maghrébines, Africaines et de la Ligue arabe a-t-il rencontré des opposants syriens après son entrevue avec Al Assad ? On ne le sait pas. Mais contrairement à 2013 où le gouvernement algérien avait démenti des informations faisant état d'une médiation en Syrie, il n'y a aucune réponse aux informations qui circulent ces derniers temps sur ce sujet. Un silence qui vaut confirmation ?
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